En 2020, malgré une période de fouille plus courte et une équipe réduite du fait des conditions sanitaires liées à l’épidémie de COVID, nos investigations se sont portées sur les niveaux d’occupation se trouvant au pied de la station topographique : sol D3b.3 de la dune supérieure et la partie sommitale du Complexe D3b.4 de la dune inférieure.
Ces niveaux ont livré 332 nouvelles traces et empreintes, principalement de pieds humains se rapportant principalement à des enfants et à des adolescents, ce pour tous les niveaux investigués.

Empreinte de pied d’adulte en D3b.4 (© D. Cliquet)
La distribution des empreintes de pieds dans le Complexe D3b.4, correspondant à des sols interstratifiés de nappages de sable apporté par le vent confirme le fait que ce secteur du massif dunaire correspond bien à une zone de « stationnement » des jeunes individus (« aire de jeu » ?) se trouvant en périphérie des espaces de traitement des carcasses animales (récupération de viande, de moelle et de peau, cuisson et fumage).

Empreinte de pied d’enfant en D3b.4 (© D. Cliquet)
À l’issue de la campagne 2020, ce sont plus de 1 880 traces et empreintes qui ont été mises au jour, représentant plus de 95 % des empreintes de Néandertaliens actuellement connues pour l’ensemble du monde néandertalien.
Les études réalisées sur les micro-vertébrés et les oiseaux apportent une importante contribution à la connaissance des paléo-environnements, des paléoclimats et de la période de fréquentation du site par ces animaux. Ces derniers se trouvent sur le site au printemps et en été, période durant laquelle les néandertaliens sont absents. Ces résultats corroborent les observations effectuées sur la grande faune qui attestaient une occupation humaine du site en automne, hiver, voire début printemps. L’excellent état de conservation des vestiges osseux des micro vertébrés (rongeurs, taupes, batraciens, lézards, reptiles) et des oiseaux, a permis de déterminer l’origine de ces restes sur le site : mort naturelle, restes d’animaux consommés par des prédateurs (petits carnivores, oiseaux de proie). Enfin et surtout quelques vestiges d’avifaune témoignent d’une vraisemblable récupération de serres d’une buse, phénomène attesté dans quelques sites du Paléolithique moyen : Krapina en Croatie, les Fieux dans le Lot, et de prélèvement de rémiges sur des ailes de goéland et d’un rapace diurne de la taille d’un circaète. L’exploitation des oiseaux pour la récupération de plume est attestée en Italie à Fumane et en Espagne dans les sites de Gibraltar. Ces prélèvements témoignent de préoccupations non matérielle tout comme la présence du petit bloc d’hématite trouvé dans la dune inférieure.

Patte de buse partiellement en connexion (© Q. Goffette).

Ossements de l’aile droite d’un goéland marin (Larus cf. marinus) présentant des traces de découpe liées à la récupération de rémiges (© Q. Goffette).
De ce fait, le site du Rozel apporte une contribution majeure à la connaissance des paysages du début weichselien dans lesquels évoluaient les humains, à la perception des néandertaliens, tant sur la constitution des groupes, que sur la gestion de l’espace ou les traditions culturelles.