Nos investigations se sont portées, cette année encore sur les sols d’occupation du massif dunaire inférieur (complexe D3.4) et sur les trois sols supérieurs (D3b.1 à D3b.3) autour de la station de géo-référencement des vestiges au tachéomètre. Cette réduction de surface du « plot » de la station a été conditionnée par le projet de publication monographique des sols du massif dunaire supérieur (études en cours). En effet, ces sols supérieurs s’individualisent au plan techno-culturel des occupations sous-jacentes. La fouille en étant achevée (sauf sous la station tachéomètre qui restera en place jusqu’à la fin des investigations), il nous a semblé raisonnable de gérer les travaux de post-fouille parallèlement à la poursuite des opérations de terrain afin de pouvoir dresser un bilan complet des travaux effectués sur le site depuis 2012.
Comme l’an passé, le complexe de sols interstratifiés de nappages de sable apporté par le vent (Complexe D3b.4) a livré un grand nombre d’empreintes de pas humains, de mains et de traces de pattes animales. Comme les années passées, ce sont les pas d’enfants et d’adolescents qui dominent le corpus. Cette zone correspond à une zone de « stationnement » des jeunes individus (« aire de jeu » ?) et de passage de tous les membres constituant le groupe, en périphérie des aires de traitement des carcasses animales (récupération de viande, de moelle et de peau).
En marge de ces deux ensembles, un foyer a été mis au jour, conservant ses cendres et ses charbons de bois. Ces éléments feront l’objet d’analyses et de détermination des essences végétales utilisées pour l’alimentation de ce foyer. Deux empreintes de pas d’enfant ont été poinçonnées dans les cendres en bordure du foyer.

Les sols supérieurs ont aussi livré des empreintes de pas d’individus . Comme pour l’ensemble de niveaux d’occupation fouillés, ce sont les empreintes d’enfants et d’adolescents qui dominent, les espaces investigués en 2019 se trouvant en marge des aires de travaux de boucherie et de traitement des viandes par cuisson et /ou fumage.

Un foyer a été reconnu, le combustible regroupant à la fois du bois végétal et de l’os. À côté du foyer un fragment de bois de cervidé à été trouvé ainsi que quelques éclats de silex.


A l’issue de la campagne 2019, ce sont plus de 1500 traces et empreintes humaines qui ont été mises au jour, représentant plus de 99% des empreintes de Néandertaliens actuellement connues pour l’ensemble du monde néandertalien qui couvrent l’essentiel de la partie occidentale de l’Eurasie et le Moyen Orient.

Une partie de ces empreintes a fait l’objet d’un travail de thèse au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris de la part de Jérémy Duveau qui devrait présenter son travail en décembre prochain. Cette thèse a porté sur une sélection d’empreintes des années 2012 à 2017 présentant des caractéristiques permettant d’en faire une analyse anatomique. Les grandes lignes de ce travail (problématiques, méthodologie et résultats préliminaires) ont été publiées dans une revue scientifique américaine à comité de lecture, publiant les comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America) conférant à ce site exceptionnel une notoriété internationale, notoriété à l’origine de nombreux articles dans la presse internationale, un passage à l’émission de France Culture Carbone 14, plusieurs demandes de réalisations cinématographiques dans le cadre de documentaires consacrés à l’Homme de Néandertal…
Cependant, cette renommée ne doit pas nous faire oublier nos objectifs scientifiques initiaux, notamment l’étude palethnographique des différents niveaux d’occupation, afin d’approcher les modes de vie de nos cousins néandertaliens dans leurs environnements.