La paroi n’étant toujours pas sécurisée, nos investigations se sont poursuivies sur le nouveau secteur ouvert en 2023. Il correspond à la partie sommitale d’un bourrelet dunaire protégeant une dépression située dans le prolongement des espaces investigués entre 2012 et 2022. Ce bourrelet correspond à un espace de circulation des individus de tous âges, vierge de toute structure. Ce sont principalement des traces et empreintes qui ont été mises au jour. Elles se rapportent principalement à des pieds humains « chaussés » et nus, à une dizaine de mains et à quelques empreintes de pattes animales.
En 2024, ce sont 525 nouvelles traces et empreintes qui ont été mises au jour, portant le nombre de ces poinçonnement à plus de 3900.
À l’exception d’une enclume en quartz de petit module, les rares vestiges rencontrés sur cet espace de circulation sont constitués de charbons de bois et d’os, de quelques restes de faune et de quelques artefacts lithiques. Le quartz taillé apparait mieux représenté que le silex.
En plus des vestiges paléolithiques, une fosse de la deuxième guerre mondiale a été mise au jour sur le flanc du massif dunaire. Elle contenait, outre de nombreux débris métalliques, quelques fragments de bois, de céramique, de verre, deux fragments de polystyrène et une couronne dentaire.
En 2023, l’état dégradé de la falaise (massif schisteux cambrien très fissuré) a motivé un changement de stratégie dans l’attente d’une sécurisation de la paroi (mise en place de filets et de « clous »), impliquant un « abandon » temporaire de la zone initialement ouverte (2012-2022) et l’ouverture d’un nouveau secteur situé à l’est de la zone de fouille initiale.
Cette nouvelle zone a nécessité des moyens en terrassement très importants, les profils étant instables et ne permettant pas de travailler en sécurité. Ce secteur a été sécurisé et les coupes « emballées » dans du géotextile. De ce fait, seul le bourrelet dunaire a fait l’objet de travaux de fouille fine, livrant une cinquantaine d’empreintes de pieds et de pattes, associés à des artefacts lithiques (silex et quartz), quelques pièces osseuses et des charbons de bois et d’os. Aucune structure n’a été reconnue.
Parallèlement, les expérimentations inhérents à la représentativité en nombre de pas des différents individus constituant un groupe se sont poursuivies. Cette opération nécessitant l’implication, dans un cadre contraint en termes d’activités journalières, d’un groupe familial constitué de très jeunes, d’enfants, d’adolescents et d’adultes a été menée avec 18 amis et membres de la famille Jodocius .
La campagne 2022 a été consacrée à la poursuite de l’analyse des banquettes se trouvant au pied de la station topographique, livrant 550 nouvelles traces et empreintes dont des pistes. Ce sont donc environs 2900 traces et empreintes qui ont été mises au jour au Rozel.
La très faible densité en mobilier archéologique (silex et quartz taillés, vestiges osseux) confirme le fait que nous sommes en marge des aires de travaux divers : traitement des carcasses animales, débitage d’éclats en pierre, utilisation de foyers pour la cuisson et le fumage des viandes.
Cette année, notre attention s’est portée sur la révision de l’enregistrement stratigraphique de la plage du dernier interglaciaire à la base des formations hétérogènes de versant (head), soit entre 115000 et 70000 ans.
Prélèvements sédimentologiques effectués sur la coupe de référence par Guillaume Jamet, quaternariste.
Cette reprise des coupes a été l’occasion de procéder à de nouveaux prélèvements pour datations et échantillonner les mollusques sur l’ensemble de la base de la séquence. Ce travail a confirmé la présence d’un niveau d’occupation dense rapportable au début du dernier glaciaire quand le massif dunaire a commencé à se mettre en place. Il faudra encore quelques années avant de fouiller ces sols qui comportent pierres taillées et vestiges de faune.
Parallèlement à la fouille, les expérimentations se sont poursuivies, tant sur la représentativité du nombre de pas effectués par les différents membres constituant un groupe comportant des individus de tous âges, sur des parcours bien caractérisés (topographie, longueur, état des chemins, conditions climatiques…) que sur l’éventuelle utilisation de « chaussants ».
Cette dernière expérimentation montre que la plupart des empreintes ont été faites avec des pieds « emballés » dans des peaux, quels que soient les niveaux archéologiques et l’âge des individus ayant séjourné dans la dune du Rozel.
Enfin, les investigations se poursuivent sur la caractérisation des éléments organiques. Si les analyses des matières organiques imprégnant les aires de combustion apportent leur concours et permet une approche des espèces traitées par le feu et des modes de cuisson et de fumage, elles attestent du traitement exclusif d’herbivores dont des ruminants (aurochs). Par ailleurs, l’analyse des protéines contenues dans les vestiges osseux révèlent des « empreintes génétiques » des peptides spécifiques à chaque espèce animale, même sur des charbons d’os pas trop dégradés.
Cette dernière technique serait donc fort précieuse pour le site du Rozel en cas de découverte de restes humains non caractéristiques au plan de la détermination systématique et non déterminable par l’ADN.
En 2021, nos efforts se sont de nouveau portés sur les deux plateformes se trouvant au pied de la station tachéomètre. Ils ont permis la mise au jour, outre des restes osseux de micro et méga faune, de l’industrie lithique, de nombreux charbons de bois et d’os, des zones charbonneuses et rubéfiées de structures de combustion et de nombreuses traces et empreintes humaines et animales.
Si les empreintes humaines reconnues sur les aires d’activités liées au traitement des carcasses animales correspondent majoritairement à des traces de pieds laissés par des adolescents et des adultes, les espaces périphériques montrent une grande majorité de traces faites par des enfants et des adolescents. Ce sont ces espaces périphériques que nous avons fouillés en 2021, révélant 432 nouvelles traces et empreintes majoritairement humaines, portant le nombre des poinçonnements mis au jour au Rozel à 2317. Ces derniers se rapportent à 2047 pieds humains, 35 mains, 7 genoux, 1 vraisemblable paire de fesses d’un tout petit enfant, 124 traces animales et 113 poinçonnements d’origine indéterminée.
Ces empreintes ont suscité divers questionnements inhérents à la constitution du groupe et à l’éventuelle utilisation de « chaussants » par les paléolithiques. Aussi, avons-nous mis en place plusieurs « ateliers » expérimentaux visant à tenter une approche de ces thématiques afin notamment de tenter d’appréhender la représentativité des empreintes laissées par les « bébés » et les enfants, par rapport à celle concernant les adolescents et les adultes.
Cette étude préliminaire a été conduite avec l’aide de familles, dans le cadre de la Prospection thématique consacrée aux premiers peuplements de Normandie. Les résultats sont éloquents ; les très jeunes et les jeunes font beaucoup plus de pas que les adolescents et les adultes. Ce constat invite donc à relativiser les déductions faites par Jérémy Duveau dans sa thèse (2020) comme quoi les groupes humains comportaient principalement des enfants.
Très rapidement, la morphologie de certains poinçonnements suggérait l’utilisation de « chaussants », les caractéristiques anatomiques correspondant à des empreintes faites par des pieds nus n’étant plus reconnaissables.
En effet, l’épaisseur de cuir « emballant » le pied en modifie la « géométrie » et adoucit l’impression laissée par le poinçonnement sur le sol impacté. Les résultats obtenus en 2021 sur des sédiments similaires à ceux des sols archéologiques montrent une vraisemblable utilisation de « chaussants » par une majorité d’individus, dont des enfants.
Parallèlement aux travaux de terrain et aux expérimentations, les études ont principalement porté sur les ensembles de micro-vertébrés démontés en connexion anatomique et sur les mollusques.
Celles-ci apportent leur concours à l’analyse taphonomique (*) et paléo-environnementale du site, confirmant les premières observations effectuées sur les insectes, les oiseaux et les charbons de bois. En effet, ces études permettent de reconstituer le contexte environnemental ouvert du site, plus forestier des alentours au Début Glaciaire weichselien.
L’étude malacologique (des mollusques) met en évidence l’enregistrement de deux interstades séparés par un stade caractérisé par une forte baisse de la température, un net appauvrissement de la végétation locale et la disparition de la forêt environnante. Elle permet de caractériser le paléoenvironnement local au moment des occupations humaines D3b-3 à D3b-1, montrant que ces occupations sont contemporaines d’optimums de température.
Du fait de l’importante décarbonation des niveaux D3b.4 et D3b.5, l’étude malacologique n’apporte que peu d’éléments.
Petit à petit, les pièces du puzzle se mettent en place grâce aux disciplines connexes de l’archéologie qui interrogent les sciences de la Terre, les sciences naturelles, les sciences physico-chimiques… Les résultats de ces travaux permettent une appréhension de plus en plus fine des conditions environnementales et des modes de vie de ces populations itinérantes qui ont fréquenté la dune du Rozel, il y a environ 80 000 ans.
* Étude taphonomique : observations effectuées sur la manière dont ont évolué les sédiments et les vestiges qu’ils incorporent entre le moment où les Paléolithiques ont quitté le massif dunaire et le moment où nous mettons au jour ces vestiges.
En 2020, malgré une période de fouille plus courte et une équipe réduite du fait des conditions sanitaires liées à l’épidémie de COVID, nos investigations se sont portées sur les niveaux d’occupation se trouvant au pied de la station topographique : sol D3b.3 de la dune supérieure et la partie sommitale du Complexe D3b.4 de la dune inférieure.
Ces niveaux ont livré 332 nouvelles traces et empreintes, principalement de pieds humains se rapportant principalement à des enfants et à des adolescents, ce pour tous les niveaux investigués.
La distribution des empreintes de pieds dans le Complexe D3b.4, correspondant à des sols interstratifiés de nappages de sable apporté par le vent confirme le fait que ce secteur du massif dunaire correspond bien à une zone de « stationnement » des jeunes individus (« aire de jeu » ?) se trouvant en périphérie des espaces de traitement des carcasses animales (récupération de viande, de moelle et de peau, cuisson et fumage).
À l’issue de la campagne 2020, ce sont plus de 1 880 traces et empreintes qui ont été mises au jour, représentant plus de 95 % des empreintes de Néandertaliens actuellement connues pour l’ensemble du monde néandertalien.
Les études réalisées sur les micro-vertébrés et les oiseaux apportent une importante contribution à la connaissance des paléo-environnements, des paléoclimats et de la période de fréquentation du site par ces animaux. Ces derniers se trouvent sur le site au printemps et en été, période durant laquelle les néandertaliens sont absents. Ces résultats corroborent les observations effectuées sur la grande faune qui attestaient une occupation humaine du site en automne, hiver, voire début printemps. L’excellent état de conservation des vestiges osseux des micro vertébrés (rongeurs, taupes, batraciens, lézards, reptiles) et des oiseaux, a permis de déterminer l’origine de ces restes sur le site : mort naturelle, restes d’animaux consommés par des prédateurs (petits carnivores, oiseaux de proie). Enfin et surtout quelques vestiges d’avifaune témoignent d’une vraisemblable récupération de serres d’une buse, phénomène attesté dans quelques sites du Paléolithique moyen : Krapina en Croatie, les Fieux dans le Lot, et de prélèvement de rémiges sur des ailes de goéland et d’un rapace diurne de la taille d’un circaète. L’exploitation des oiseaux pour la récupération de plume est attestée en Italie à Fumane et en Espagne dans les sites de Gibraltar. Ces prélèvements témoignent de préoccupations non matérielle tout comme la présence du petit bloc d’hématite trouvé dans la dune inférieure.
De ce fait, le site du Rozel apporte une contribution majeure à la connaissance des paysages du début weichselien dans lesquels évoluaient les humains, à la perception des néandertaliens, tant sur la constitution des groupes, que sur la gestion de l’espace ou les traditions culturelles.
Nos investigations se sont portées, cette année encore sur les sols d’occupation du massif dunaire inférieur (complexe D3.4) et sur les trois sols supérieurs (D3b.1 à D3b.3) autour de la station de géo-référencement des vestiges au tachéomètre. Cette réduction de surface du « plot » de la station a été conditionnée par le projet de publication monographique des sols du massif dunaire supérieur (études en cours). En effet, ces sols supérieurs s’individualisent au plan techno-culturel des occupations sous-jacentes. La fouille en étant achevée (sauf sous la station tachéomètre qui restera en place jusqu’à la fin des investigations), il nous a semblé raisonnable de gérer les travaux de post-fouille parallèlement à la poursuite des opérations de terrain afin de pouvoir dresser un bilan complet des travaux effectués sur le site depuis 2012.
Comme
l’an passé, le complexe de sols interstratifiés de nappages de
sable apporté par le vent (Complexe D3b.4) a livré un grand nombre
d’empreintes de pas humains, de mains et de traces de pattes
animales. Comme les années passées, ce sont les pas d’enfants et
d’adolescents qui dominent le corpus. Cette zone correspond à une
zone de « stationnement » des jeunes individus (« aire
de jeu » ?) et de passage de tous les membres constituant
le groupe, en périphérie des aires de traitement des carcasses
animales (récupération de viande, de moelle et de peau).
En
marge de ces deux ensembles, un foyer a été mis au jour, conservant
ses cendres et ses charbons de bois. Ces éléments feront l’objet
d’analyses et de détermination des essences végétales utilisées
pour l’alimentation de ce foyer. Deux empreintes de pas d’enfant
ont été poinçonnées dans les cendres en bordure du foyer.
Les sols supérieurs ont aussi livré des empreintes de pas d’individus . Comme pour l’ensemble de niveaux d’occupation fouillés, ce sont les empreintes d’enfants et d’adolescents qui dominent, les espaces investigués en 2019 se trouvant en marge des aires de travaux de boucherie et de traitement des viandes par cuisson et /ou fumage.
Un foyer a été reconnu, le combustible regroupant à la fois du bois végétal et de l’os. À côté du foyer un fragment de bois de cervidé à été trouvé ainsi que quelques éclats de silex.
A
l’issue de la campagne 2019, ce sont plus de 1500 traces et
empreintes humaines qui ont été mises au jour, représentant plus
de 99% des empreintes de Néandertaliens actuellement connues pour
l’ensemble du monde néandertalien qui couvrent l’essentiel de la
partie occidentale de l’Eurasie et le Moyen Orient.
Une partie de ces empreintes a fait l’objet d’un travail de thèse au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris de la part de Jérémy Duveau qui devrait présenter son travail en décembre prochain. Cette thèse a porté sur une sélection d’empreintes des années 2012 à 2017 présentant des caractéristiques permettant d’en faire une analyse anatomique. Les grandes lignes de ce travail (problématiques, méthodologie et résultats préliminaires) ont été publiées dans une revue scientifique américaine à comité de lecture, publiant les comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America) conférant à ce site exceptionnel une notoriété internationale, notoriété à l’origine de nombreux articles dans la presse internationale, un passage à l’émission de France Culture Carbone 14, plusieurs demandes de réalisations cinématographiques dans le cadre de documentaires consacrés à l’Homme de Néandertal…
Cependant,
cette renommée ne doit pas nous faire oublier nos objectifs
scientifiques initiaux, notamment l’étude palethnographique des
différents niveaux d’occupation, afin d’approcher les modes de
vie de nos cousins néandertaliens dans leurs environnements.
Cette année encore notre attention s’est portée sur les sols du massif dunaire inférieur, notamment du complexe D3.4 qui conserve plusieurs centaines d’empreintes humaines (pieds, mains, genoux) et de traces de pattes animales. Ces empreintes essentiellement trouvées dans les zones périphériques aux aires de traitement des carcasses animales permettent de tenter une approche des individus constituant le groupe. Environ 80% des 1 100 empreintes mises au jour proviennent du Complexe D3.4. Elles attestent de la présence d’enfants (dont au moins un très jeune de 2 ou 3 ans), d’adolescents et d’adultes qui constituent un groupe humain de 10 à 14 individus. Rappelons que le site du Rozel a livré plus de 99 % des empreintes de pas de Néandertaliens actuellement connues. C’est le seul site à conserver des empreintes de mains.
Au plan
environnemental, l’excellent état de conservation des faunes
permet une approche du milieu dans lequel évoluaient les
Néandertaliens. Le paysage qui s’inscrit dans une phase tempérée
relativement humide du Pléistocène supérieur, est constitué de
prairies, présentant quelques boisements et des plans d’eau. Ces
occupations ont fait l’objet de nouvelles datations. Elles montrent
que ces occupations récurrentes sont peu espacées dans le temps.
Les résultats obtenus par les méthodes de luminescence (osl sur
quartz et irsl sur feldspath) donnent un faisceau de dates autour de
80 000 ans.
Concomitamment aux travaux de fouille, les études sur les mobiliers se sont poursuivies, sur la microfaune, sur les poissons, sur les charbons de bois ou encore sur les empreintes humaines et animales.
Durant la campagne 2017, la stratigraphie des niveaux d’occupation fouillés depuis 2012 a fait l’objet d’une analyse géomorphologique et paléo-pédologique fine de la part de Guillaume Jamet (Géoarchéon) visant à préciser la mise en place des coulées sablo-boueuses qui ont conservé nombre de traces et d’empreintes de pas des paléolithiques qui ont fréquenté le site. Ces sols ont fait l’objet de nouvelles datations radionumériques (N. Mercier) qui tendent à rajeunir le site. Les résultats obtenus par les méthodes de luminescence (osl sur quartz et irsl sur feldspath) donnent un faisceau de dates autour de 80 000 ans (Mercier et al, 2019).
Par ailleurs, la campagne 2017 s’est surtout concentrée sur la fouille des espaces périphériques du site, lieu de passage de la plupart des membres du groupe. Ce sont 309 nouvelles empreintes de pas, de mains et de pattes animales qui ont été mises au jour, portant le corpus à presque 600 traces et empreintes. Rappelons que seules 8 autres empreintes de pas, mises au jour dans 3 sites, sont actuellement connues pour l’ensemble du monde néandertalien. Aucune empreinte de main néandertalienne n’est jusqu’alors attestée. Le site du Rozel a donc livré à lui seul plus de 98 % des empreintes de pas connues au monde. Celles-ci se regroupent, pour les zones investiguées, en 4 classes de tailles attestant en marges de ce site d’acquisition de viande, de la présence de bébés, d’enfants, d’adolescents et d’adultes, pouvant regrouper, selon la méthode statistique utilisée de 12 à 15 individus (étude J. Duveau).
En
2016, l’accent a été mis sur la chronologie des occupations et
l’impact de la mise en place des différents épisodes
d’éboulements de la partie supérieure de la falaise de schiste,
en lien avec les conditions climatiques de l’époque.
Si les
fouilles menées depuis 2012 avaient permis la mise au jour de
plusieurs niveaux d’occupation superposés « fossilisés » par
des accumulations de sable éolien, constitués de petits niveaux
organiques : sols de dune dégradés et nappages de sable-boueux sur
lesquels les néandertaliens ont évolué et laissé les témoignages
de leurs activités, la limite orientale des aires investies n’avait
pas été atteinte. Aussi, les sols impactés par le piétinement des
néandertaliens ne permettait pas de conduire une étude exhaustive
des aires de travail, de piétinement et de circulation en bordure du
bourrelet dunaire et de l’éboulis. Ce dernier participe à la
structuration de la dépression d’arrière dune dans laquelle sont
revenus périodiquement les paléolithiques.
Par ailleurs, la nécessité d’élargir notre « fenêtre » d’observation a été motivée par l’engagement d’une thèse portant sur les empreintes de pas de néandertaliens conservées dans les 5 niveaux d’occupation investigués. Ce sont actuellement plus de 180 empreintes qui ont été retenues sur plus de 250 traces reconnues depuis 2012. Les 3 sols supérieurs (D3.1 à D3.3) apparaissent moins bien documentés que les deux complexes inférieurs (complexes D3.4 et D3.5). Cela tient, en partie, à la nature différente des sols.
Les
fouilles menées en 2015 ont porté sur deux sol sous-jacents à
l’éboulis (D3.4 & D3.4) dont la fonction apparaît moins bien
caractérisé que les trois niveaux de l’ensemble supérieur du
fait d’un moins bon état de conservation des vestiges osseux et
vraisemblablement d’une fonction différente des espaces occupés.
La
campagne 2015 a montré le grand intérêt des espaces de piétinement
et de circulation des jeunes individus (enfants et adolescents) qui
constituaient le groupe. Sur ces 2 complexes de sols, des espaces
dévolus aux jeunes ont été mis en évidence en marge des aires de
travaux de boucherie.
L’excellent
état de conservation des empreintes a permis de mettre en évidence
plusieurs empreintes de mains. Ces vestiges fugaces sont
exceptionnels sur les lieux de vie pour ces périodes anciennes.
Sur ces deux sols, une production de lames et de lamelles conduite à partir de nucléus à débitage tournant ou semi-tournant, et sur des «burins-nucléus» apparaît associée à une production d’éclats, dont certains obtenus par la Méthode Levallois.